Comité de lecture

COMITE DE JANVIER 2021

Deux textes ont été retenus lors du comité de lecture de janvier 2021.

Olivier Masson doit-il mourir ?

Texte de François Hien

François Hien est dramaturge et réalisateur. Ses films ont été diffusés dans des festivals internationaux. Il a écrit, en 2016, La Crèche, son premier texte de théâtre, et un essai sur le même sujet : Retour à Baby-Loup (Éditions Petra). Il a également créé, avec Nicolas Ligeon, la compagnie L’Harmonie Communale, destinée à porter sur scène ses pièces : La Crèche, L’Affaire Correra, Olivier Masson doit-il mourir ?, La Honte.

Résumé

Le procès d’Avram Leca, aide-soignant, est le prétexte de la pièce. Avram Leca a mis fin aux jours d’Olivier Masson, hospitalisé depuis un accident dans un état pauci-relationnel, sans communication avec ses proches et l’ensemble du système hospitalier et judiciaire. La pièce nous donne à voir et à entendre les positions des protagonistes sur la fin de vie, famille qui se déchire, système judiciaire, système hospitalier, pro et anti-euthanasie, religieux, monde journalistique.

Extraits des fiches de lecture

« Ce texte m’a happé du début jusqu’à la fin. Cela grâce à sa construction non linéaire qui permet d’entremêler les arguments de chaque camp, pro et anti euthanasie, la procédure de fin de vie selon la loi Leonetti, les sentiments intimes des proches d’Olivier Masson, le traitement médiatique des procès liés à l’affaire, …. Je me suis laissé entrainer dans ce débat de société en acceptant d’entendre des versions qui me sont étrangères et auxquelles je suis opposé et en prenant le temps de réfléchir sur ma propre position concernant l’euthanasie. N’est-ce pas ce que j’attends du théâtre, qu’il me dise le monde, qu’il aide à le comprendre ? »

« Nous nous trouvons à la fois dans une écoute très précise mais aussi très active, c’est à dire réfléchie, pour chacun des témoignages et réquisitoires des différentes parties et donc, des différents points de vue. L’écriture de l’auteur est très juste, sérieuse, ciselée, lorsqu’il s’agit de la rhétorique utilisée pour les plaidoiries des avocats mais aussi les discours et témoignages très savants du personnel médical. »

« Les personnages principaux et je pense surtout aux personnages féminins de la famille d’Olivier Masson mais aussi aux personnages de l’hôpital, sont parfaitement bien dessinés, tout à fait réalistes. Et si nous souffrons pour eux, l’écriture toujours extrêmement pudique de l’auteur, fait que nous ne tombons jamais dans le pathos ou le malsain. Et L’auteur, toujours avec une grande distance, évite aussi constamment le morbide qu’un tel sujet aurait pu amener. »





Madre Mia

Texte de Dominique Chryssoulis

Elle se pensait plutôt romancière, mais sa première reconnaissance lui est venue du théâtre (France Culture, aide à la création, édition chez Actes Sud-Papiers). Madre mía (2019) est sa neuvième pièce créée et éditée, Créatrice de mode (2020) son onzième roman. Deux de ses romans ont été primés. Elle a été accueillie en résidence d’écriture à plusieurs reprises, en France, Belgique et Italie. Elle a dirigé le comité de lecture des EAT (Écrivains associés du théâtre), été jurée du Grand Prix de littérature dramatique. Elle est corédactrice de la Charte Égalité des EGEET (États généraux des écrivains et écrivaines de théâtre). Elle coréalise, depuis 2017, La nouvelle revue du Jardin d’Essai.

Professeure de lettres, elle a été chargée de mission au ministère de l’Éducation nationale. Aujourd’hui, elle se consacre à l’écriture et à ses projets littéraires et artistiques.

Madre Mia est éditée chez L’Echappée belle, 2019.

Résumé

L’auteur revient sur une page sombre de l’histoire espagnole : la disparition de bébés nés de familles républicaines, vendus par les sœurs et les prêtres aux familles franquistes. Une affaire d’Etat, un crime contre l’Humanité qui a perduré au-delà de la disparition du franquisme. Sur un fond de ritournelle légère et douce qui égrène des prénoms d’enfants, l’auteur nous livre un récit sans fard de l’idéologie fasciste qui conduit à kidnapper des enfants de familles « rouges », et de les vendre à des familles bien pensantes pour éradiquer la pensée révolutionnaire. Souffrance des mères, folie purificatrice de la religieuse, doute de la mère adoptive se succèdent… Et puis, malgré la disparition du franquisme, le crime se perpétue encore et encore.. Alors que peuvent faire les enfants kidnappés devenus adultes sinon chercher la vérité de leurs origines.

Extraits des fiches de lecture

« Ce texte déroule une page d’histoire et nous rappelle que nous sommes tous le fruit d’événements qui nous ont précédés et que notre vie ne peut être vécue pleinement sans que la vérité ne soit dite et la mémoire respectée. J’ai aimé ce texte car il dit très simplement des choses cruelles, sans fioritures, en s’en tenant aux faits. La chanson qui ouvre et clôt la pièce est comme une mélopée, chant mélancolique et triste, que j’ai imaginée entendre tout au long du spectacle soutenant l’énumération des prénoms, comme dans un mémorial. »

« Un texte très engagé politiquement. Un thème douloureux. Une dramaturgie originale. J’ai été surprise mais très sensible à ce choeur qui énumère les noms d’enfants ou de parents. Les quelques scènes dialoguées qui nous plongent dans l’action de ces actes horribles sont très percutantes.

Et les personnages ! J’adore chacun de ces horribles personnages qui sont en fait l’essence, l’archétype du rôle… ».